La posture du corps
La culture occidentale, façonnée par des siècles de dualisme entre le corps et l'esprit, a longtemps considéré ces deux dimensions comme séparées.
Dans ce contexte, l'idée que la posture corporelle puisse influencer l'état mental suscite souvent scepticisme ou méfiance. Elle peut donc être perçue comme un simple vestige rituel, dénué de fondement réel, voire comme une pratique dogmatique issue de traditions anciennes.
Or, les recherches récentes en neurosciences invitent à reconsidérer cette séparation, en montrant combien le corps et l'esprit sont intimement liés, jusque dans les moindres gestes ou la façon dont on s’assied, respire, ou marche.
La posture influence-t-elle vraiment l’esprit ?
Débuter de manière simple
Les Fondamentaux de la Posture Corporelle :
Position assise : Le choix de la position, qu’elle soit en tailleur sur un coussin ou sur une chaise, dépend avant tout de la confortabilité et de l'absence de douleur.
Pourquoi éviter la douleur ? Le corps doit rester relativement détendu pour que l’esprit puisse rester attentif. Toute gêne excessive détourne et mobilise l'attention qui n'est plus disponible pour l'expérience méditative.
L'alignement du dos : Imaginez une ligne tirée de la base de la colonne vertébrale jusqu'au sommet de la tête. Gardez votre dos droit, mais sans tension.
La Respiration
La respiration doit être naturelle, sans chercher à la contrôler de façon forcée. Elle devient un point de retour pour l’esprit, surtout lorsque l’on se laisse emporter par les pensées.
Les Mains et les Pieds
Posez les mains, les pieds et les jambes naturellement pour éviter toute tension superflue.
Attitude :
Rester flexible, c’est permettre au corps de s’adapter à la posture, en gardant l’esprit vigilant et présent. Une posture rigide peut, paradoxalement, créer de la distraction.
La posture physique n’est qu’un outil dans la méditation, mais elle a un impact significatif sur la qualité de l’expérience. Au début, elle ne doit pas devenir un obstacle. Il s'agit d’une expérimentation personnelle, et au fur et à mesure que vous pratiquerez, vous affinerez votre propre posture pour soutenir l’esprit.
La relaxation n’est pas le but de la méditation, mais un effet secondaire de la pratique. Or il est crucial de maintenir un niveau de vigilance physique pour éviter que l’esprit ne tombe dans la somnolence ou l'ennui.
Si vous aborder une séance de méditation avec une grande fatigue il vous faudra adopter une posture plus cambrée (plus active) afin de palier le risque que l'effet relaxant vous emporte dans le sommeil.
La posture physique doit se trouver en synergie avec l'activité mentale. Il s'agit d'avoir une posture détendue et alerte. Pour débuter il suffit alors d'observer une posture simple qui ne vous constraint pas trop. Car si l'inconfort physique prend trop de place dans votre esprit celui-ci sera perturbé pour la pratique et risque même de la compromettre. C'est pourquoi adopter la position assise sur une chaise fait parfaitement l'affaire et permet de donner accès à l'essentiel de la pratique.
Comprendre et pratiquer
La posture de l'esprit
La posture mentale, un élément clé de la pratique méditative.
Bien que la posture physique soit le point de départ de la méditation, c’est la posture mentale qui orientera véritablement l’esprit vers une pratique de pleine conscience. Qu’entend-on par posture mentale, et pourquoi est-elle aussi essentielle pour une méditation réussie ?
Équilibre entre Relaxation et Vigilance
La méditation n’est pas un moyen de relaxation passive, mais un état de vigilance consciente. La relaxation est un effet secondaire de la pratique, mais le but est de maintenir un esprit éveillé et attentif.
Pourquoi la vigilance ? Sans elle, on risque de sombrer dans la somnolence ou de laisser l’esprit vagabonder sans contrôle.
Le Non-Jugement et la Bienveillance
Une des premières qualités à cultiver dans la méditation est l'acceptation de chaque instant, sans jugement. Il ne s'agit pas de forcer l'esprit à se concentrer de manière rigide, mais d'accueillir les pensées et les sensations sans attachement ni rejet.
La bienveillance envers soi-même est cruciale. Chaque distraction ou pensée qui surgit est une occasion de revenir doucement à l'instant présent, sans se juger.
Le Focus sur l’Instant Présent
La posture mentale implique d’être totalement immergé dans l’instant présent, sans se laisser entraîner par les pensées du passé ou du futur. La méditation est une pratique de présence pure, où l’on se relie à chaque respiration, chaque son, chaque sensation, sans y mettre de signification.
La Souplesse Mentale : Une Attitude de Lâcher-Prise
La souplesse mentale est essentielle pour permettre à l’esprit de rester flexible et ouvert. Il s'agit de ne pas se laisser emporter par le désir de contrôle ou d'attente de résultats. La méditation est un processus naturel, et l'esprit doit s’y adapter sans force ni résistance.
La posture mentale est la clé de la réussite de la méditation. Elle se construit au fur et à mesure que la pratique se développe. L’essentiel est de rester présent, détendu mais vigilant, et d’adopter une attitude de bienveillance envers soi-même. C'est en cultivant cette attitude que l'on permet à l’esprit de s'épanouir dans la pleine conscience.
La posture du corps et la posture mentale sont intimement liées dans la méditation. Le corps, bien détendu et alerte, soutient l’esprit dans sa quête de pleine conscience. De son côté, la posture mentale — un état de vigilance, d’ouverture et de bienveillance — permet à l’esprit de rester présent et de se libérer des distractions. Bien qu'elles soient abordées séparément, ces deux postures travaillent ensemble pour approfondir l’expérience méditative.
En résumé
Attitude et Présence
Généralités de la pratique de pleine conscience
La pleine conscience consiste à être pleinement présent à l’expérience du moment, avec une attention ouverte, stable et bienveillante, sans jugement ni distraction.
Ses bénéfices
Pour certains, c’est un outil de santé mentale (apaiser le stress, retrouver un équilibre intérieur ou simplement mieux habiter l’instant). Pour d’autres, une voie d’éveil issue de la tradition bouddhique.
Sa modalité
Se relaxer n'est pas méditer
But
La pratique méditative poursuit potentiellement plusieurs buts, souvent complémentaires :
Thérapeutique : réduire le stress, l’anxiété, la douleur, améliorer le sommeil et la santé mentale.
Cognitif : renforcer l’attention, la concentration, la clarté mentale.
Émotionnel : développer la régulation émotionnelle, la résilience, la compassion.
Spirituel : rechercher la paix intérieure, la connexion au sacré ou au sens de l’existence.
Préventif : entretenir le bien-être global, prévenir les rechutes (dépression, addiction, etc.).
Il existe un quiproquo sur le but de la méditation car on entend parfois le conseil de ne pas méditer dans un but.
Or il n'est rien que l'on décide d'entreprendre sans s'être fixé d'objectif.
Dès lors, il y a quiproquo car le véritable propos de ce conseil est qu'il n'est pas bon de se fixer, de se crisper sur un résultat, car cette fixation peut devenir un obstacle dans le moment même de la pratique (par exemple : "je veux absolument être calme maintenant").
Par contre il est tout à fait légitime de décider d'entreprendre une pratique méditative dans sa vie dans un but particulier : Je souhaite méditer pour aller mieux, pour m’apaiser, pour comprendre, pour entamer une transformation dans ma vie...
Il faut distinguer deux moments distincts :
Prendre la décision d'entamer une pratique méditative dans sa vie - ce qui généralement est consécutif à un but choisi.
Le moment de la pratique même de la méditation.
Ainsi, dans un premier temps un but motive notre décision de méditer.
Dans le second on lâche le but pour être totalement disponible à la pratique. Le but s'accomplira par la pratique elle-même.
Un autre point bénéfique du lâcher prise sur le but est que l'on s'ouvre à la multitude du champ phénoménologique possibles pour vivre des expériences que l'on n'aurait jamais imaginé possible.. Ce qui enrichis votre expérience vécue.
Donc venez à la méditation avec un but, puis oubliez le durant la pratique ... vous aurez de toutes façon des bénéfices.
La relation entre le corps et l’esprit ne fait plus débat dans le monde scientifique. De plus en plus d’études démontrent que la posture corporelle influence directement nos capacités cognitives, notre humeur et notre bien-être général. Cet article vous propose une synthèse des recherches les plus récentes sur les effets des postures, en particulier la posture assise droite, et met en lumière l’importance de cultiver une relation consciente entre le corps et l’esprit.
1. Les postures : des leviers pour le cerveau
Les postures corporelles ne sont pas de simples habitudes ou conventions sociales : elles agissent comme de véritables leviers neurocognitifs. Les neurosciences ont mis en évidence que la façon dont nous tenons notre corps influence la structure et le fonctionnement de notre cerveau.
Posture droite vs posture avachie : des effets mesurables
Fonctions exécutives : Être assis droit améliore de 15 à 20% les performances dans des tâches de planification, d’inhibition et de flexibilité cognitive, par rapport à une posture avachie. Les erreurs lors de tâches complexes sont réduites de 30% en posture droite (Peper et al., 2017).
Vigilance et concentration : Une posture alignée augmente de 25% la durée de concentration soutenue et optimise le débit sanguin cérébral (+12%), favorisant ainsi une meilleure oxygénation du cerveau (Alderman et al., 2016).
Effet immédiat : Ces bénéfices apparaissent dès la première minute de maintien postural, ce qui montre l’impact rapide du corps sur l’esprit.
Quand le corps façonne l’esprit
2. Les mécanismes physiologiques et neurologiques
Hormones et neurotransmetteurs
La posture influence la chimie du cerveau :
Testostérone : +20% en posture droite, favorisant la confiance en soi.
Cortisol : -18% en posture droite (vs +25% en posture avachie), réduisant le stress.
Dopamine : Augmentation modérée, associée à la motivation et au plaisir (Carney et al., 2010).
Activité cérébrale
Cortex préfrontal : Activation accrue (+30%) en posture droite, zone clé pour la prise de décision et l’autorégulation.
Amygdale : Diminution de l’activité (-22%), corrélée à une réduction de l’anxiété et des réactions de stress.
Ondes cérébrales : La posture méditative (lotus, demi-lotus) synchronise les ondes alpha (8-12 Hz), associées à un état d’éveil calme et à la clarté mentale (Tang et al., 2015).
3. Applications concrètes : méditation, apprentissage, travail
Méditation et pleine conscience
Les traditions méditatives, notamment le zen, insistent sur l’importance de la posture. Les études montrent que le maintien actif de la colonne vertébrale pendant la méditation :
Renforce la connectivité entre les régions du cerveau liées à l’attention et à l’intéroception.
Augmente la matière grise dans le cortex cingulaire et le cervelet, zones impliquées dans la gestion des émotions et la coordination corporelle (Hölzel et al., 2011).
Apprentissage et performance
Étudiants : Ceux qui adoptent une posture droite retiennent 35% d’informations en plus par rapport à ceux qui restent avachis (Peper & Lin, 2012).
En entreprise : Passer d’une posture avachie à une posture droite en réunion augmente la participation active de 40% et améliore la qualité des échanges (Carney et al., 2010).
4. Corps et esprit : une boucle vertueuse
La posture n’est pas seulement la conséquence de notre état d’esprit, elle en est aussi la cause. S’asseoir droit, ouvrir la poitrine, aligner la colonne vertébrale, ce sont des gestes simples qui envoient au cerveau des signaux de vigilance, de confiance et de disponibilité. À l’inverse, s’avachir ou se recroqueviller peut renforcer la fatigue, la distraction ou le stress.
La relation corps-esprit est donc circulaire et dynamique : en prenant soin de notre posture, nous prenons soin de notre esprit, et inversement.
5. Conseils pratiques pour intégrer ces découvertes
Prendre conscience de sa posture plusieurs fois par jour, en particulier lors du travail sur écran ou en réunion.
Pratiquer la méditation assise en adoptant une posture alignée, même pour quelques minutes.
Bouger régulièrement : alterner les positions assises et debout, s’étirer, marcher.
Utiliser la respiration pour renforcer l’ancrage corporel et la clarté mentale.
Conclusion
Les recherches scientifiques confirment ce que les traditions méditatives enseignent depuis des siècles : la posture façonne l’esprit. Prendre soin de son corps, c’est aussi prendre soin de son cerveau, de ses émotions et de sa capacité à vivre pleinement l’instant présent. La relation corps-esprit n’est pas une abstraction, mais une réalité mesurable, accessible à tous et à tout moment.
Références scientifiques
Peper, E., & Lin, I. M. (2012). Increase or Decrease Depression: How Body Postures Influence Your Energy Level. Biofeedback, 40(3), 125-130.
Carney, D. R., Cuddy, A. J. C., & Yap, A. J. (2010). Power Posing: Brief Nonverbal Displays Affect Neuroendocrine Levels and Risk Tolerance. Psychological Science, 21(10), 1363-1368.
Hölzel, B. K., Carmody, J., Vangel, M., Congleton, C., Yerramsetti, S. M., Gard, T., & Lazar, S. W. (2011). Mindfulness practice leads to increases in regional brain gray matter density. Psychiatry Research: Neuroimaging, 191(1), 36-43.
Tang, Y. Y., Hölzel, B. K., & Posner, M. I. (2015). The neuroscience of mindfulness meditation. Nature Reviews Neuroscience, 16(4), 213-225.
Alderman, B. L., Olson, R. L., & Mattina, D. M. (2016). Cognitive function during low intensity walking: A test of the treadmill workstation. Journal of Physical Activity & Health, 13(1), 9-14.