L'humanisme en thérapie

Dans un monde dominé par la performance, l’efficacité et la suprématie de l’intellect, il devient essentiel de réhabiliter la dimension sensible et émotionnelle de l’expérience vécue, telle qu’elle se manifeste dans sa réalité phénoménale.

L’approche humaniste reconnaît en chacun un être en devenir, porteur de ressources souvent ignorées, que l’écoute et la bienveillance permettent de révéler. La santé mentale ne se limite pas à l’absence de troubles : elle suppose de se libérer des injonctions productivistes, pour réapprendre à s’accueillir pleinement dans sa part sensible.

Comprendre la nature de l’esprit, ses dynamiques, ses ressources mais aussi ses dérives, c’est s’engager dans une démarche à la fois thérapeutique, philosophique et profondément humaniste.

L'humain au centre

Même dans le rejet du divin, face à la mort, à l’absolu, ou au reflet de son miroir, nul n’échappe totalement au vertige existentiel. Même les esprits les plus rationnels vivent, souvent sans le savoir, une tension entre raison et croyance.

La raison, pilier de la pensée critique

Modèle Biopsychosocial étendu

Héritée du rationalisme et de la philosophie grecque, la raison repose sur la logique, l’argumentation et l’analyse : c’est le socle sur lequel MindWorld construit ses réflexions.

La raison n’a de légitimité que dans le champ du démontrable. Le surnaturel relève d’un autre registre. Le fidéisme rappelle que la foi est un acte intime, une adhésion libre à une vision du monde ni prouvable ni évidente — un geste de confiance, non un raisonnement. Il convient donc de suivre le conseil de Wittgenstein : « Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence ».

À ce stade, logique et foi provoquent souvent d'une opération dichotomique de l'individu.

Un autre accès à la transcendance

L’expérience de transcendance ne passe pas toujours par le vertige existentiel. Certaines expériences — méditatives, esthétiques, ou phénoménologiques — éveillent un sentiment d’élévation au cœur même de l’immanence.

Ce vécu fait écho à des traditions spirituelles variées : de saint Augustin à Maurice Zundel, en passant par l’hindouisme ou le soufisme, toutes évoquent un « Dieu intérieur », accessible non par la preuve, mais par une expérience personnelle intime.

Ainsi l'orientation du vécu dépend de l'immersion culturel de l'expérimentateur. On se trouve ici tout en haut de la pyramide étendue de Maslow. Particulièrement lorsque l'équilibre vital est en jeu la spiritualité devient un élément de renforcement et de survie. C'est pourquoi le modèle bio-psychosocial utilisé en médecine s'élargie également à la spiritualité notamment en soin palliatifs.

Assumer la coexistence entre raison et ressenti, c’est renforcer notre rapport au réel par l’analyse critique et l'introspection psycho-émotionnelle. Ce double ancrage permet de développer une forte capacité de résistance ou de résilience reposant tant par la lucidité intellectuelle que par la capacité à percevoir en profondeur ce qui nous traverse.

Richesse de pensée et de sentiment

Dans un monde où l’on oppose souvent science et spiritualité, il est possible — et même essentiel — d’adopter une posture lucide face aux pratiques dites ésotériques. Méditer, faire du yoga ne signifie pas abandonner son esprit critique. On peut méditer ou pratiquer le yoga sans adhérer aux théories ésotériques qui les accompagnent. Chakras, énergies, karma : ce sont des modèles symboliques, parfois utiles comme cartes d’exploration intérieure, mais éloignés des critères de validation scientifique.

Lorsqu’on en a conscience, il n’y a pas lieu de se crisper sur leur caractère ésotérique. Il s’agit simplement de vivre l’expérience, en laissant — pour un temps — la sphère intellectuelle céder la place à celle du ressenti, à cette dimension phénoménologique du corps et de l’esprit. Ce n’est pas renoncer à l’esprit critique, ni régresser intellectuellement. C’est, au contraire, s’enrichir en reconnaissant la valeur du monde sensible et perceptif, tout en conservant la capacité à naviguer dans le monde des concepts, des idées et des savoirs.

Les bienfaits concrets de ces pratiques sont documentés : réduction du stress, meilleure conscience corporelle, apaisement émotionnel. Mais cela ne suffit pas à valider toutes les explications et modélisations traditionnelles. Adopter une posture lucide, c’est profiter des effets sans tomber dans le dogme. C’est faire la distinction entre l’expérience vécue et la croyance absolue.

On peut expérimenter pleinement sans tout croire. L’expérience et l’esprit critique ne s’excluent pas — ils se complètent. Savoir passer de l’un à l’autre, c’est abandonner une certaine rigidité dans la pensée et dans le vécu, et cultiver une liberté intérieure plus souple, plus vivante.

Pratique spirituelle et esprit critique : c’est possible

Le Dieu Janus est est le gardien des seuils. Deux visages regardant en sens inverse : passé/futur, esprit/matière, intérieur/extérieur. Il représente ici l’idée de passer de la sphère de l'expérience introspective à celle de la rationalité.