Centre identitaire défaillant


Le centre interne du pervers narcissique ne dispose pas d’une structure psychique suffisamment stable et intégrative pour retenir, lier et symboliser les contenus émotionnels qui devraient constituer l’identité du sujet.
Qu'est ce que ça veut dire ?
Le Syndrôme de la Coquille vide
Devant un vide de structure le pervers narcissique ne peut intégrer les contenus émotionnels en lui. À l’intérieur, rien ne tient : ce qu’il ressent, ce qu’il vit, ce qu’il pense — tout glisse, rien ne s’assemble pour faire une identité solide. Ce déficit de contenance interne entraîne une déliaison du vécu de soi : les émotions, les besoins et les représentations restent dissociés, non assimilés.
Pour survivre psychiquement, le sujet doit alors recourir à des palliatifs externes (clivage, faux self, contrôle de l’autre), qui jouent le rôle de remplacements artificiels de cette structure du Moi défaillante.
On parle d’une pathologie de la contenance narcissique.
Le noyau identitaire est affectif avant d’être conceptuel.
Le centre identitaire naît d’une expérience subjective de soi :
être senti → être pensé → être raconté → être reconnuL’identité se construit d’abord dans le ressenti (niveau émotionnel, corporel, relationnel)
Puis elle se symbolise et devient représentable par la pensée.
Rappel de ce qu'est le centre identitaire sain
L’identité ne se construit pas d’abord dans la tête, mais dans le corps et dans le cœur.
On se sent exister avant de pouvoir se penser.
Chez le sujet narcissique pathologique, le ressenti intérieur n’a pas pu s’organiser en une base solide. La pensée sur soi est sans repère et doit être soutenue par une image extérieure idéalisée : Le faux-self !
Le PN ne ressent pas de représentation intime comme venant de l'intérieuriorité émotionnel, intime. Il doit s'en fabriquer une. → d’où la « coquille vide »
Que veut dire "Symboliser les contenus émotionnels" ?
Percevoir ce qui se passe en soi
(« Je sens quelque chose »)
Identifier l’émotion
(« C’est de la tristesse, pas de la colère »)
Relier à une cause ou une histoire
(« Je suis triste parce que je me sens abandonné »)
Pouvoir en parler ou y penser
(« J’ai besoin de soutien »)
L’émotion devient pensable, compréhensible, gérable.
Exemple simple
Sans symbolisation :
J’ai mal au ventre, je m’agace, je crie sur tout le monde.
(je ne comprends pas ce qui se passe, c’est insupportable)
Avec symbolisation :
« Je suis angoissé parce que j’ai peur de perdre mon travail »
(je peux chercher une solution, demander de l’aide)
Ce qui se passe chez le pervers narcissique
L’émotion reste au stade brut :
inquiétude → honte → terreur archaïque.
Mais comme il ne peut pas :
la reconnaître,
la relier à une cause,
en parler sans se sentir diminué…
Elle devient un danger interne, un feu dans la maison sans détecteur.
Alors il doit l’expulser hors de lui :
en déniant : « Ce n’est pas vrai ! »
en attaquant : « C’est TA faute ! »
en se défendant : manipulation, projection, clivage…
L’émotion est rejetée sur l’autre parce qu’elle ne peut pas être pensée.
La coquille vide » : qu’est-ce que ça signifie vraiment ?
Cette expression ne veut pas dire que le PN n’a aucune vie psychique.
Elle désigne le fait que l’intérieur n’est pas habitable, pas unifié, pas utilisable, pas fiable pour lui-même.
En d'autres mots
Chez le pervers narcissique, l’espace psychique interne est désinvesti.
Les contenus émotionnels profonds — besoins d’attachement, honte, manque, vulnérabilité — sont désorganisés et massivement rejetés hors du Moi (refoulement, déni, projection).
Conséquences
Absence d’unité interne
Pas de sentiment continu d’être la même personne.
Absence d’auto-contrôle émotionnel interne
Les affects ne sont pas reconnus ni symbolisés, donc agissent en coulisses.
Absence d’auto-nourrissement narcissique
Il ne peut pas s’aimer de l’intérieur → dépendance au regard extérieur.
L’appareil psychique interne n’est plus un lieu où vivre, mais un lieu à fuir. On parle alors de coquille vide : la structure externe existe, mais le dedans est abandonné.
Le PN, c’est quelqu’un qui :
ne peut pas se “poser” avec lui-même
ne se sent pas exister sans témoin
ne trouve aucune sécurité dans son monde intérieur
ne supporte pas ce qu’il ressent au fond de lui
se défend contre lui-même
Résultat :
Il doit remplir la coquille par ce qu’il obtient des autres :
admiration, contrôle, pouvoir, influence, attention…
Sans ça → il se sent vide, inutile, transparent, mort psychiquement.
On dit que le pervers narcissique est une « coquille vide » parce que son identité interne est désertée de ses contenus affectifs.
Ne pouvant se soutenir de lui-même, il doit se construire à l’extérieur, dans le regard des autres, pour ne pas s’effondrer psychiquement.


