

Dans La perspective d'un épanouissement, il est essentiel d’identifier les principaux facteurs de déséquilibre et de souffrance psychique auxquels nous sommes exposés ;
1. Surcharge cognitive et fatigue mentale chronique
L’hyperstimulation informationnelle de notre environnement sollicite en continu les capacités attentionnelles et mnésiques du cerveau, entraînant une surcharge cognitive et une fatigue mentale persistante. Cette pression constante altère la plasticité cérébrale et la capacité à réguler efficacement les émotions. (Source 1)
2. Survalorisation de la cognition au détriment de l’intelligence émotionnelle et sensorielle
La prédominance accordée à la rationalité et à la performance cognitive marginalise l’intelligence émotionnelle et sensorielle, créant un désalignement entre le vécu corporel, les affects et les processus mentaux. Or, les neurosciences affectives montrent que l’émotion n’est pas l’antagoniste de la raison, mais l’un de ses moteurs essentiels, guidant la prise de décision et l’adaptation. (Source 2)
3. Déficit de régulation émotionnelle et méconnaissance des affects
Une régulation émotionnelle déficiente, souvent liée à une méconnaissance ou à une répression des affects, favorise l’émergence de troubles anxieux, de dépression ou de comportements d’évitement. Les modèles contemporains insistent sur l’importance de stratégies adaptatives (restructuration cognitive, acceptation, pleine conscience) pour prévenir ces dérives. (Source 3)
4. Accumulation de stress psychosocial et troubles adaptatifs
Le stress chronique, issu de facteurs sociaux, professionnels ou relationnels, perturbe l’homéostasie du système nerveux autonome et augmente la vulnérabilité aux troubles anxieux, au burn-out et aux troubles de l’adaptation. (Sources 4)
5. Affaiblissement de la conscience de soi (interoception)
La diminution de la conscience corporelle ou interoceptive nuit à la capacité de percevoir et de réguler les signaux internes, compromettant l’équilibre psychocorporel et le discernement émotionnel. Les recherches actuelles soulignent l’importance de l’intégration des signaux corporels dans la construction du soi et la régulation émotionnelle. (Source 5)
6. Culture de la performance et injonctions à la maîtrise de soi
L’injonction sociale à la performance et à l’autocontrôle marginalise les besoins fondamentaux de repos, d’introspection et de reconnexion à soi, exacerbant la dissociation entre corps et esprit et appauvrissant la vie émotionnelle. (Source 6)
Facteurs de déséquilibre
et de souffrance psychique
Les sources
« Cognitive fatigue results from prolonged mental effort and is characterized by decreased performance and increased subjective feelings of tiredness. Modern environments, saturated with information, increase cognitive load and contribute to mental exhaustion. »
(Boksem & Tops, 2008, Neuroscience & Biobehavioral Reviews)
Source 1 - Surcharge cognitive et fatigue mentale chronique
« Emotional intelligence, defined as the ability to perceive, understand, and regulate emotions, is critical for adaptive functioning. Overemphasis on purely cognitive skills neglects the integral role of affective and embodied processes in decision-making and well-being. »
(Mayer, Salovey & Caruso, 2008, Emotion Review)
Source 2 - Survalorisation de la cognition au détriment de l’intelligence émotionnelle et sensorielle
«Emotional Intelligence: New Ability or Eclectic Traits? » de Mayer, Salovey et Caruso (2008), a été publié dans la revue Emotion Review. Dans cet article, les auteurs examinent si l'intelligence émotionnelle (IE) constitue une forme distincte d'intelligence ou si elle représente un ensemble hétérogène de traits de personnalité. Ils soutiennent que l'IE, définie comme la capacité à percevoir, comprendre et réguler les émotions, est essentielle au fonctionnement adaptatif. Ils mettent en garde contre une focalisation excessive sur les seules compétences cognitives, qui néglige le rôle intégral des processus affectifs et incarnés dans la prise de décision et le bien-être.
« Mental fatigue: costs and benefits » de Boksem et Tops (2008), a été publié dans la revue Brain Research Reviews, et non dans Neuroscience & Biobehavioral Reviews. Il propose une synthèse approfondie sur la fatigue cognitive, ses origines, ses effets sur la performance mentale et ses implications dans les environnements modernes saturés d'informations.
Source 3 - Déficit de régulation émotionnelle et méconnaissance des affects
« Emotion Regulation: Current Status and Future Prospects » par James J. Gross, publié en 2015 dans la revue Psychological Inquiry (volume 26, numéro 1, pages 1–26).
Dans cet article, Gross explore en profondeur la régulation des émotions, en mettant en évidence son rôle central dans la santé mentale et les troubles psychopathologiques. Il souligne que les difficultés de régulation émotionnelle constituent un facteur transdiagnostique commun à de nombreux troubles psychiatriques, tels que la dépression, l'anxiété, les troubles de la personnalité et les troubles liés au stress. L'article met en lumière que la suppression ou la méconnaissance des émotions peut entraîner une détresse psychologique accrue et des comportements inadaptés.
« Difficulties in emotion regulation are a transdiagnostic factor in many psychiatric disorders. Poor awareness or suppression of emotions leads to increased psychological distress and maladaptive behaviors. »
(Gross, 2015, Annual Review of Clinical Psychology)
« Chronic psychosocial stress disrupts homeostasis and is associated with increased risk for anxiety disorders, depression, and burnout syndrome. The dysregulation of the hypothalamic-pituitary-adrenal axis plays a key role. »
(McEwen, 2007, Physiological Reviews)
Source 4 - Accumulation de stress psychosocial et troubles adaptatifs
« Physiology and Neurobiology of Stress and Adaptation: Central Role of the Brain » par Bruce S. McEwen, publié en 2007 dans la revue Physiological Reviews.
Cet article explore en profondeur les mécanismes par lesquels le stress psychosocial chronique perturbe l'homéostasie corporelle, en mettant particulièrement l'accent sur le rôle central de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) dans cette dynamique.
McEwen introduit les concepts d'allostase (l'adaptation active du corps au stress) et de charge allostatique (les effets cumulatifs négatifs d'une exposition prolongée au stress). Il décrit comment une activation prolongée de l'axe HHS peut entraîner une dérégulation hormonale, affectant des régions cérébrales clés telles que l'hippocampe, l'amygdale et le cortex préfrontal. Ces altérations sont associées à un risque accru de troubles tels que l'anxiété, la dépression et le syndrome d'épuisement professionnel .
« Interoception, the sensing of internal bodily states, contributes fundamentally to emotional experience and self-awareness. Impairments in interoceptive accuracy are linked to emotional dysregulation and psychopathology. »
(Craig, 2009, Nature Reviews Neuroscience)
Source 5 - Affaiblissement de la conscience de soi (interoception)
« How do you feel—now? The anterior insula and human awareness » par A. D. (Bud) Craig, publié en 2009 dans la revue Nature Reviews Neuroscience (volume 10, pages 59–70).
Cet article explore le rôle central de l'interoception — la perception des états physiologiques internes — dans la conscience de soi et l'expérience émotionnelle.
Craig met en évidence que l'interoception est essentielle à la conscience subjective et à la régulation émotionnelle. Il souligne que des altérations de l'exactitude interoceptive sont associées à des troubles émotionnels et psychopathologiques.
Source 6 - Culture de la performance et injonctions à la maîtrise de soi
« Societal pressures emphasizing productivity and self-control often lead to neglect of rest and reflective practices, which are essential for maintaining psychological resilience and preventing burnout. »
(Schaufeli & Taris, 2014, Work & Stress)
« A Critical Review of the Job Demands–Resources Model: Implications for Improving Work and Health » par Wilmar B. Schaufeli et Toon W. Taris, publié en 2014 dans la revue Work & Stress .
Cet article examine en profondeur le modèle des exigences et des ressources professionnelles (JD-R), en mettant en évidence comment les pressions sociétales axées sur la productivité et l'autocontrôle peuvent conduire à la négligence du repos et des pratiques réflexives, essentielles pour maintenir la résilience psychologique et prévenir le burnout.
Schaufeli et Taris analysent le modèle JD-R, qui propose que les conditions de travail peuvent être classées en deux catégories : les exigences professionnelles (par exemple, la charge de travail, la pression temporelle) et les ressources professionnelles (par exemple, l'autonomie, le soutien social). Le modèle suggère que des exigences élevées combinées à des ressources insuffisantes peuvent entraîner un stress accru, une diminution de la résilience psychologique et, éventuellement, un burnout. Les auteurs soulignent l'importance de maintenir un équilibre entre les exigences et les ressources pour promouvoir le bien-être des employés et prévenir l'épuisement professionnel.