La stratégie relationnelle perverse


Vous êtes une carte à jouer
Dans le jeu complexe des relations humaines, vous représentez un facteur d’influence que le pervers projette d’exploiter. C’est uniquement sous cet angle que votre lien avec lui prend sens.
Dans son système, vous n’êtes pas une personne à apprécier, à aimer, mais une ressource à utiliser : un point stratégique à conquérir, à intégrer dans son arsenal relationnel.
Dans bien des situations, c'est ce que l'on peut se dire. Mais, en réalité...
Vous pensez pouvoir rester neutre, garder vos distances et refuser de prendre parti. Pourtant, cette posture d’impartialité devient rapidement une faille exploitable par le pervers narcissique. Ne pas le critiquer, afficher une attitude conciliante ou simplement préserver une apparence cordiale, c’est déjà répondre à son besoin fondamental : maintenir l’illusion d’une normalité sociale qui protège son image. Il n’a pas besoin de votre adhésion sincère, seulement de votre façade de coopération. Dans ce sens, chaque interaction — même minimale — peut servir à nourrir son système relationnel. Voilà pourquoi, où que vous soyez, qui que vous soyez, vous êtes potentiellement exploitables !
Vous pensez être
hors du champs d'action du pervers ?
hors du jeu ?
neutre, impartial ?




Tous dans le collimateur du pervers !
Votre instrumentalisation
La logique perverse ne connaît pas de limites, car elle s’appuie sur les représentations sociales. Quelle que soit votre position, vous occupez une place sur l’échiquier social qu’il manipule pour renforcer son apparente légitimité. Vous ne pouvez pas échapper complètement à ce que vous représentez : votre statut, votre rôle, votre image véhiculent des valeurs qui dépassent votre volonté consciente. C’est cette dimension symbolique que le pervers détourne. Même en demeurant extérieur au conflit, vous pouvez malgré vous alimenter sa stratégie : il utilisera votre nom, votre réserve, votre politesse et votre silence comme autant de preuves sociales en sa faveur.
Dans ses récits, il présentera votre neutralité comme un signe d’alliance, ou votre absence de jugement comme une approbation implicite. Il sélectionnera les faits, les déformera, ou les inventera pour consolider son discours. Ainsi, votre distance devient une caution involontaire. En manipulant les apparences, il rend la neutralité effective impossible : la simple non-opposition devient un instrument au service de sa domination.










En multipliant les instrumentalisations individuelles, le pervers entretient l’apparence de sa fréquentabilité au sein de l’inconscient collectif de ses sphères relationnelles.
L'illusion de la neutralité
Lorsqu’on observe ce mécanisme avec lucidité, on comprend que la neutralité n’est pas perçue par le pervers comme une position d’équilibre, mais comme une faille à exploiter. Il instaure de fait une relation biaisée, dans laquelle la non-prise de position revient à lui céder le terrain. La situation de neutralité est donc une illusion, puisqu’il la détourne et la transforme à son avantage. Face à ce constat, la posture la plus saine n’est pas celle de la neutralité illusoire, mais celle de la clarté d’esprit : reconnaître la manipulation, en comprendre les implications, refuser l’instrumentalisation et affirmer ses limites en prenant position. Car sans cette conscience et cette attitude sociale, on participe, même involontairement, à son jeu psychologique.
Les chapitres qui suivent ont pour objet d'exposer ces stratégies sournoises qui échappent à l'entendement général.
Organisation relationnelle alvéolaire
La distance, pour lui, n’est pas un obstacle ; c’est une ressource. Le pervers narcissique sait parfaitement exploiter l’éloignement géographique ou émotionnel, toutes circonstances qui isolent pour mieux désinformer, mieux manipuler.
Il tirera profit de votre ignorance concernant ses agissements sur son entourage ou ses conflits. De votre point de vue, il reste poli, charmant, parfois attendrissant ; de son côté, il vous considère comme un levier relationnel. Vous devenez un vecteur d’influence dans un réseau qu’il structure minutieusement.
Tous moyens distanciation et de morcelage lui permet de fonctionner en organisation alvéolaire : chaque relation reste séparée des autres, ce qui réduit la possibilité de recoupement ou de contradiction. Ainsi, il s'oppose à la libre circulation des informations, il veut en contrôler les flux pour en façonner, de cellule en cellule, une contre-réalité qui lui est favorable. Sans le savoir, vous pouvez donc devenir un relais involontaire de sa manipulation. En diffusant les opinions qu’il aura subtilement modelées chez vous, vous renforcez son image publique et fragilisez celle de ses victimes. Il mise sur la confusion, la rétention d'information, l’ambiguïté et la bonne foi des autres pour installer dans les esprits une fausse légitimité morale de sa personne.
Vous habitez à 500 km du pervers ?
Vous ne le voyez qu’une fois par an ?
Et vous pensez ne pas être concerné ?
Là encore détrompez-vous !


La triangulation est au cœur de ce mécanisme.
Lorsqu’il se présente accompagné de sa victime chez vous, il se sert de votre accueil pour se légitimer aux yeux de sa victime :
« Tu vois, je suis bien accepté, on m’apprécie ».
Et réciproquement, il se sert d’elle pour renforcer sa crédibilité auprès de vous :
« Regardez, je vis une relation harmonieuse ; je suis équilibré ».


Diviser pour mieux règner !
Ce double gain produit un effet d’écho social : chacun apporte, sans le vouloir, une validation à l’autre. Et cette légitimation réciproque se propage de proche en proche, élargissant le champ d’influence du pervers narcissique. C’est là un bénéfice colossal pour lui : il tisse une toile invisible où la vérité perd sa cohérence, tandis que son image, elle, gagne en solidité.
La triangulation individuelle
La stratégie relationnelle
Emprise
love-bombing
Gaslighting
Pervers - Victime Proie
Pervers - Entourage
La stratégie relationnelle
Pervers - Institutions
La stratégie relationnelle
Les cercles relationnels
Le pervers narcissique ne se révèle pas de la même manière selon la distance relationnelle.
Dans son milieu social, il peut apparaître séduisant, compétent ou altruiste, tandis que ses proches vivent une réalité faite de manipulation et de violence psychologique.
Cet article analyse ce décalage en s’appuyant sur le modèle des cercles relationnels, afin de comprendre comment le pervers narcissique organise ses liens sociaux et pourquoi ses victimes les plus proches sont souvent les moins crues.


Les cercles relationnels
Un model de représentation général des relations humaines
Les relations humaines s’organisent naturellement selon des cercles de proximité. Plus une relation est proche, plus elle implique de confiance, d’engagement émotionnel et de vulnérabilité. À l’inverse, les relations éloignées sont plus superficielles, socialement utiles, mais peu exposantes sur le plan affectif.
Dans un fonctionnement relationnel équilibré, cette organisation protège l’individu :
le cercle intime (conjoint, famille) apporte sécurité et soutien, les cercles intermédiaires reposent sur la réciprocité, et les cercles extérieurs permettent les échanges sociaux sans risque émotionnel majeur.
Ce modèle devient particulièrement éclairant lorsqu’on l’applique à la relation avec un pervers narcissique, car il révèle une inversion radicale de cette logique protectrice.
Moi
Le cercle intime : domination et destruction
Les personnes les plus proches (conjoint, famille) subissent la réalité de son fonctionnement :
dévalorisation constante
manipulation émotionnelle
colère, contrôle, parfois violence psychologique répétée
Le masque social tombe, car la proximité prolongée rend la dissimulation impossible.
L’autre devient un objet de contrôle, non une personne reconnue.
Le cercle proche : signaux faibles mais troublants
Les amis ou collègues peuvent percevoir :
des incohérences
des mensonges
de la jalousie ou de la rivalité dissimulée
Cependant, le charme est encore suffisamment dosé pour maintenir une image positive.
Les doutes existent, mais restent souvent minimisés ou rationalisés.
Le cercle des connaissances : séduction sans risque
À ce niveau, le PN montre surtout :
une image altruiste ou brillante
une apparente empathie
une grande capacité de séduction sociale
Ces relations servent de ressource narcissique (valorisation, admiration), sans risque d’exposition prolongée.
Le cercle extérieur : fascination collective
Avec les personnes très éloignées ou inconnues, l’effet est maximal :
aura magnétique
réputation flatteuse
image publique souvent enviée
C’est le terrain idéal pour entretenir l’illusion.
Comprendre pour se protéger
Ce renversement des cercles relationnels permet de mieux comprendre pourquoi les victimes proches ne sont souvent pas crues, tandis que le PN est socialement admiré.
Dans ce contexte, l’éloignement relationnel n’est pas une fuite, mais une stratégie de protection psychique.
Reprendre de la distance permet de restaurer progressivement un équilibre émotionnel et mental mis à mal par la relation abusive.


L’inversion relationnelle chez le pervers narcissique
Chez le pervers narcissique (PN), cette logique est profondément inversée.
Ce qui protège normalement devient dangereux, et ce qui est distant devient trompeusement séduisant.
Plus on est proche de lui, plus on est exposé à sa violence psychologique.
Plus on est éloigné, plus on est leurré sur la réalité, plus il semble charmant, empathique et admirable.




Votre instrumentalisation
Quel outil êtes vous pour le pervers narcissique ?
Les trois protagonistes de la triangulation narcissique
La triangulation s’organise autour de trois pôles : le pervers narcissique, la victime principale, et un tiers adjuvant.
Ce dernier mot, issu du vocabulaire psychanalytique, désigne une personne extérieure à la relation intime initiale, censée jouer un rôle de soutien ou de régulation. Mais dans le cadre pervers, cette fonction est subvertie : au lieu de stabiliser le lien, le tiers est utilisé comme vecteur de légitimation et de contrôle.
1. Le pervers narcissique — le metteur en scène du lien — C’est lui qui initie et orchestre la dynamique triangulaire. Il introduit le tiers adjuvant dans la relation non pas pour créer de la médiation, mais pour fragmenter la perception de la réalité et renforcer sa propre image. Tout est organisé pour qu’aucune alliance authentique ne se forme entre les deux autres pôles ; il reste ainsi le centre unique autour duquel gravite la communication. Son but : maintenir le pouvoir symbolique par la confusion et la dépendance affective.
2. La victime principale — le centre de l’offense — C’est la cible directe de la manipulation. Elle subit la stratégie du doute permanent : comparaisons, contradictions, fausses équivalences. Face au tiers adjuvant, elle se retrouve piégée dans une dissonance : le pervers a déjà redéfini le récit à son avantage, et chaque tentative de clarification la décrédibilise un peu plus. Ses émotions, ses réactions, ses maladresses deviennent la matière première de la justification du pervers :
« Tu vois comme elle exagère », « Je fais tout pour qu’elle aille mieux »
La victime, ainsi déstabilisée, se sent invalidée et isolée.
3. Le tiers adjuvant — le complice involontaire — C’est souvent un ami, un membre de la famille, un collègue ou un professionnel. Son rôle initial devrait être neutre : il vient soutenir la relation, comprendre, apaiser ou conseiller. Mais le pervers détourne cette fonction stabilisante pour en faire un instrument de domination symbolique.
Le tiers adjuvant sert alors à :
Légitimer le pervers socialement, à le rendre fréquentable (« S’il est apprécié, c’est qu’il ne peut pas être mauvais »).
Rassurer la victime, mais d’une manière qui la désarme (« Tu dramatises un peu », « Il a sûrement ses raisons »).
Relayer inconsciemment le discours du pervers dans le réseau social environnant. Ainsi manipulé, le tiers adjuvant devient le miroir social du pervers : il reflète son image, renforce son emprise et diffuse ses récits, tout en ayant l’impression d’être bienveillant.
Dans cette architecture relationnelle, chacun occupe une place fonctionnelle. La victime nourrit la charge affective, le tiers adjuvant apporte la caution morale, et le pervers tire des deux la substance narcissique qui maintient son équilibre intérieur.
La triangulation perverse
Très certainement vous en faite partie sans vous en douter !



