Tous dans le collimateur !

Pourquoi êtes vous forcément concerné ?

Parce que pour le PN il n'y a pas de lien véritable, pas d'amitier, pas de valeur qui puisse dépasser votre utilité. Et parce qu'intressequement vous représentez soit une menace à éliminer, soit une proie à posséder, soit un tiers adjuvant à manipuler.

A partir du moment où vous rentrez dans le giron du pervers, vous être dans un lien utilitariste extrême qu'il tentera d'exploiter. Il n'existe aucun frein pour qu'il s'en prive.

Vous pensez être à l’abri, ou non concerné ?

On croit souvent que la perversion narcissique ne touche que certaines personnes : celles qui manquent de caractère, de lucidité ou de discernement. On se rassure ainsi, persuadé que l’on saurait reconnaître la manipulation avant qu’elle n’opère. Et pourtant… Le pervers narcissique agit différemment.

Il ne s’impose pas d’emblée ; il séduit, rassure, s’ajuste à votre rythme. Il se glisse dans vos zones de confiance pour mieux s’y ancrer. Ce n’est qu’une fois le lien établi qu’un autre processus se met en marche, invisible d’abord, mais rigoureusement orchestré. Dès que vous entrez dans son giron, vous devenez partie prenante d’un projet instrumental. Rien n’est laissé au hasard : vos réactions, vos maladresses, vos failles, tout est observé, mémorisé, classé. Dans son esprit, chaque détail alimente une cartographie secrète de votre personnalité. Cette analyse n’a pas pour but de vous comprendre, mais de déterminer comment vous utiliser — ou comment vous neutraliser si un jour vous devenez une menace. Vos erreurs serviront de prétexte à des reproches futurs, vos vulnérabilités nourriront un arsenal argumentaire prêt à l’emploi. Et à mesure que la relation avance, le scénario qu’il projette sur vous s’affine ; chaque information recueillie vient enrichir son champ de manœuvre. Ainsi, peu à peu, vous découvrirez que la relation n’était pas réciproque : vous étiez un rôle dans une stratégie dont il écrivait, seul, le scénario.

Organisation relationnelle alvéolaire

La distance, pour lui, n’est pas un obstacle ; c’est une ressource. Le pervers narcissique sait parfaitement exploiter l’éloignement géographique ou émotionnel.

Il tirera profit de votre ignorance concernant ses agissements, son entourage ou ses conflits. De votre point de vue, il reste poli, charmant, parfois attendrissant ; de son côté, il vous considère comme un levier relationnel. Vous devenez un vecteur d’influence dans un réseau qu’il structure minutieusement.

Cette distance lui permet de fonctionner en organisation alvéolaire : chaque relation reste séparée des autres, ce qui réduit la possibilité de recoupement ou de contradiction. Ainsi, il contrôle les flux d’informations et peut façonner, de cellule en cellule, une contre-réalité qui lui est favorable. Sans le savoir, vous pouvez donc devenir un relais involontaire de sa manipulation. En diffusant les opinions qu’il aura subtilement modelées chez vous, vous renforcez son image publique et fragilisez celle de ses victimes. Il joue sur la confusion, l’ambiguïté et la bonne foi des autres pour installer dans les esprits une fausse légitimité morale.

Vous habitez à 500 km de lui ?

Vous ne le voyez qu’une ou deux fois par an ?

Et vous pensez ne pas être concerné ?

Détrompez-vous.

La triangulation est au cœur de ce mécanisme. Lorsqu’il se présente accompagné de sa victime chez vous, il se sert de votre accueil pour se légitimer aux yeux de sa victime : « Tu vois, je suis bien accepté, on m’apprécie ».

Et réciproquement, il se sert d’elle pour renforcer sa crédibilité auprès de vous : « Regarde, je vis une relation harmonieuse ; je suis équilibré ».

Ce double gain produit un effet d’écho social : chacun apporte, sans le vouloir, une validation de l’autre. Et cette légitimation réciproque se propage de proche en proche, élargissant le champ d’influence du pervers narcissique. C’est là un bénéfice colossal pour lui : il tisse une toile invisible où la vérité perd sa cohérence, tandis que son image, elle, gagne en solidité.

Bright living room with modern inventory
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Tous dans le collimateur du pervers

Le pervers narcissique n’est pas seulement un manipulateur habile. Il est d’abord une conscience fracturée, habitée par une angoisse psychotique d’origine paranoïaque qui redéfinit son rapport au monde. Comme l’a décrit la psychologue Christine Calonne, il s’imagine inconsciemment que l’autre veut le détruire. Ce fantasme projectif engendre une anticipation défensive : détruire pour ne pas l’être.
Ce mécanisme inconscient ne relève donc pas d’une stratégie volontaire, mais d’un besoin de survie psychique. En cherchant à neutraliser l’autre, le pervers narcissique ne fait que contenir l’angoisse primitive qui le hante.

Une perception de l’autre comme menace

Son traumatisme d’enfance — souvent lié à une humiliation ou un rejet précoce — a altéré la construction du Moi et du rapport à l’altérité. L’autre n’est plus investi comme sujet autonome, mais perçu comme un intrus potentiel.
D’un point de vue psychodynamique, son monde interne est polarisé entre deux représentations incompatibles : celle d’un soi grandiose, idéal et parfait, et celle, insupportable, d’un soi humilié et disqualifié. Pour maintenir son équilibre, il projette sur autrui les fragments insécables de sa propre haine : l’ennemi, c’est toujours l’autre.

Cette paranoïa sous-jacente explique pourquoi nul n’est épargné. Que vous soyez un collègue, un ami, un conjoint ou un simple interlocuteur de passage, vous figurez malgré vous dans son champ perceptif. Vous devenez le support de ses projections internes, l’espace sur lequel il tente de restaurer son narcissisme blessé. Dans son univers psychique, tout lien devient potentiellement conflictuel, toute rencontre un risque d’intrusion ou de dépossession.

Une stratégie de contrôle inconsciente

Pour prévenir cette angoisse destructrice, le pervers narcissique met en œuvre un dispositif relationnel précis : le contrôle du réel et de la relation. Il élabore, souvent à votre insu, une « carte mentale » de votre personnalité. Il repère vos sensibilités, vos valeurs, vos failles narcissiques. Non pas pour les comprendre, mais pour anticiper la manière dont il pourra en tirer un bénéfice.
Cet acte n’est pas seulement manipulateur : il exprime la volonté de maîtriser l’imprévisible. Face à la peur du chaos intérieur, contrôler autrui devient l’unique moyen de maintenir une cohérence psychique minimale.

Ce contrôle n’est pas toujours visible. Il opère dans le for intérieur, sous la forme d’un narcissisme silencieux, avant de se manifester ouvertement quand la relation devient instable ou que l’autre échappe à son emprise. Alors, la « guerre » s’ouvre : il faut reprendre la main, imposer sa vérité, restaurer une image triomphante de soi.

Une globalisation du rapport de domination

Le pervers narcissique vit dans un rapport au monde totalisant. Il ne s’oppose pas qu’à certains individus, mais à l’humanité en général. Dans sa grille de lecture, chaque conscience extérieure constitue une menace ontologique — un rappel de sa propre fragilité psychique. C’est pourquoi il se narcissise intérieurement contre tout le monde, cherchant à se sentir gagnant dans chaque interaction.
Derrière la volonté de vaincre se cache en réalité une impossibilité d’être : pour exister, il faut neutraliser l’altérité. Il ne peut tolérer l’indépendance psychique de l’autre sans se sentir diminué.

Comprendre, non stigmatiser

L’erreur commune consiste à réduire cette dynamique à un simple « rapport de force » moral : le bourreau contre la victime. Or, il s’agit d’un système défensif, tragiquement auto-destructeur, hérité d’une blessure archaïque du narcissisme.
Le pervers narcissique n’est pas un être libre de son jeu : il en est lui-même prisonnier. Ses conduites répétitives, son besoin de contrôle et sa froideur émotionnelle traduisent une lutte constante entre le vide intérieur et l’angoisse d’être anéanti par la dépendance affective.

Reconnaître cette réalité n’a rien d’une complaisance. C’est aussi une manière de se désidentifier de la violence subie. Car comprendre son fonctionnement, c’est ne plus se laisser absorber par son imaginaire paranoïde.
Lui opposer la distance, la conscience et la cohérence émotionnelle demeure la seule voie possible pour sortir du collimateur sans entrer dans la guerre.